Cette étude examine le lien entre la consommation de thé vert et le développement de lésions cérébrales de la substance blanche (White Matter Lesions, WML) chez des personnes âgées non atteintes de démence. Dans le cadre d’une étude de cohorte japonaise à grande échelle portant sur 8.766 participants, la structure du cerveau a été évaluée par IRM et la consommation de thé vert, de thé noir et de café a été documentée par un questionnaire.
Les résultats montrent qu’une consommation plus élevée de thé vert était associée à un volume plus faible de lésions de la substance blanche. Cela a persisté après ajustement pour les facteurs de confusion tels que l’âge, le sexe, l’éducation, l’hypertension et le mode de vie. Aucune association significative n’a été trouvée pour la consommation de café ou de thé noir.
Conclusion : la consommation régulière de thé vert pourrait jouer un rôle préventif dans la réduction des lésions de la substance blanche cérébrale, qui sont associées à un risque accru de démence et de troubles cognitifs. D’autres études à long terme sont nécessaires pour explorer davantage ce lien.
Contexte :
Le vieillissement est un facteur de risque majeur pour les maladies neurodégénératives telles que la démence. Les changements structurels du cerveau, notamment l’augmentation des lésions de la substance blanche (WML), sont étroitement liés au déclin cognitif. Le thé vert contient des composés bioactifs tels que l’épigallocatéchine gallate (EGCG), qui ont des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires et pourraient avoir des effets neuroprotecteurs. Des études épidémiologiques antérieures ont suggéré que la consommation de thé et de café pourrait être associée à une meilleure fonction cognitive chez les personnes âgées.
Objectifs de l’étude :
Cette étude examine l’impact du thé vert, du thé noir et du café sur la structure du cerveau, notamment les lésions de la substance blanche, le volume de l’hippocampe et le volume total du cerveau chez des adultes âgés non atteints de démence.
Méthodologie :
– Participants : 8.766 personnes de la Japan Prospective Studies Collaboration for Aging and Dementia (JPSC-AD).
– enquête :
– la prise alimentaire par un Food Frequency Questionnaire (FFQ).
– scanners cérébraux par imagerie par résonance magnétique (IRM).
– Analyses :
– Modèles statistiques multivariés pour étudier les associations entre la consommation de boissons et la structure du cerveau.
– Prise en compte des facteurs confondants tels que l’âge, le sexe, l’hypertension, l’IMC, les lipides sanguins et les facteurs liés au mode de vie.
Résultats :
1. Thé vert et lésions de la substance blanche :
– Les personnes consommant ≥600 ml de thé vert par jour avaient significativement moins de WML que celles qui en buvaient moins de 200 ml par jour.
– La tendance s’est maintenue après ajustement pour d’autres facteurs d’influence(valeur p pour la tendance = 0,007).
– La réduction de la WML était particulièrement marquée chez les personnes ne souffrant pas de dépression et ne possédant pas le gène ApoE-ε4, qui est associé à un risque plus élevé de maladie d’Alzheimer.
2. Pas de lien significatif avec le volume de l’hippocampe ou du cerveau total :
– Alors que les WML étaient réduites, il n’y avait pas de différence significative dans le volume de l’hippocampe ou le volume total du cerveau entre les différents groupes de consommation de thé.
3. Aucun effet du café ou du thé noir :
– Le café n’a pas montré de liens significatifs avec la WML, le volume de l’hippocampe ou le volume total du cerveau.
– Le thé noir n’a pas été analysé plus avant en raison du faible nombre de consommateurs.
Discussion :
– La réduction des lésions de la substance blanche par le thé vert pourrait être médiatisée par plusieurs mécanismes :
– Effets hypotenseurs : Le thé vert peut réduire la pression artérielle systolique et diastolique, ce qui a un effet positif sur la circulation sanguine cérébrale.
– Effet antioxydant : Les catéchines du thé vert peuvent réduire le stress oxydatif, qui joue un rôle important dans la neurodégénérescence.
– Propriétés anti-inflammatoires : Le thé vert inhibe les voies de signalisation pro-inflammatoires telles que NF-κB et peut ainsi réduire les micro-inflammations dans le cerveau.
– L’étude suggère que le thé vert pourrait jouer un rôle en particulier dans les premiers stades des processus neurodégénératifs.
Restrictions :
– L’étude est observationnelle et ne peut donc pas démontrer de liens de cause à effet.
– Il manque des informations détaillées sur le mode de préparation du thé, qui pourrait influencer la teneur en catéchine.
– Les résultats étant basés sur une population japonaise, il convient d’étudier plus avant la possibilité de les appliquer à d’autres groupes ethniques.
Conclusion :
Une consommation plus élevée de thé vert est associée à une réduction des lésions de la substance blanche cérébrale, ce qui suggère un effet protecteur potentiel contre les maladies vasculaires et neurodégénératives. D’autres études à long terme sont nécessaires pour clarifier le lien de cause à effet et les mécanismes possibles.